Des choses à dire...

« La vraie générosité envers l'avenir consiste à tout donner au présent » Albert Camus

lundi 26 novembre 2007

La vitalité d'esprit des enfants

Mercredi, Lisandre était malade. Malheureusement, Steph et moi devions absolument aller à l'université. N'ayant pas de grands parents tout près pouvant venir prendre la relève, nous avons décidé d'emmener la petite avec nous et de lui improviser un lit de camp dans le bureau de Steph afin qu'elle puisse se reposer tranquille.

Dans la voiture, je lui ai dit qu'elle était chanceuse parce qu'il y aurait certainement plusieurs secrétaires qui seraient heureuses de voir arriver une belle petite fille au travail avec papa Stéphane. Ne sachant pas ce que le mot « secrétaire » veut dire, elle a réfléchi un moment, avant de nous lancer :

« Papa, maman... Une secrétaire (prononcé « secret-terre »), est-ce que c'est une madame qui dit des secrets et qui garde les secrets des autres? »

C'est fou comme les enfants sont vifs d'esprit...

Elle a répété sa réflexion à Louise, la super gentille secrétaire du département, qui lui a répondu qu'effectivement, le mot tire ses origines de « secret »...

lundi 12 novembre 2007

L'impossibilité d'être mère et femme en même temps, ou l'éloge du pantalon

Il y a des jours où je me dis que je ne pourrais pas me sentir moins incompétente, moins non-attirante, moins nullement sexy… Vous savez, ces jours où l’on aurait envie d’entrer sous un tapis pour être certain(e) de ne pas être vu(e)? Voici un abrégé de la journée d’enfer que je viens de passer :

Les matins où je vais au travail, plutôt que d’enfiler mon costume d’étudiante—composé d’un jeans usé, d’un chandail trop grand et de souliers plats—j’enfile mon costume de « femme sérieuse », composé celui-ci de vêtements propres, dignes de l'adulte que je suis supposée être. Attendue pour une réunion ce matin, j’ai opté pour une jupe en haut des genoux et pour mes souliers à talons habituels.

Combien d’entre vous avez déjà reconduit vos enfants à l’école et à la garderie en talons hauts et en jupe courte? Laissez-moi vous dire que cela relève de l’exploit!

8 h 15 am : comme trois matins sur cinq, Lisandre est en retard pour la maternelle, qui débute à 8 h 12 (non mais pourquoi 8 h 12 au fait? Pourquoi pas 8 h 10, ou 8 h 15?). C’est la course pour entrer dans l’école. Dans le vestiaire, en me penchant pour ramasser son sac-à-dos tombé par terre, j’entends « crac! » :

- « Ha Fu…! Ma jupe, calv
- Qu’est-ce qu’il y a maman?
- La jupe de maman a fait « crac »… »

Lisandre ainsi que les deux autres petites filles qui sont en train d’enfiler leurs souliers juste à côté, éclatent de rire comme si je venais de leur raconter la blague du siècle.

- « Hahaha! (rire forcé de ma part) C’est drôle hein les filles?
- Ouiiiiii! Hihihi! »

La couture de derrière de ma jupe est effectivement en train de céder. En tâtant du bout des doigts, j’estime que les dommages n’excèdent pas un ou deux centimètres. Bon, je me dis que ce n’est pas si grave. Puis de toutes manières, je n’ai pas le temps de retourner à la maison pour me changer car je suis attendue pour 9 heures à la Faculté.

8 h 42 : nous arrivons à la garderie de Manu. En me penchant pour sortir bébé de son siège d’auto, le fameux « crac » se fait entendre à nouveau.

- « Voyons, maudite marde! Est-ce que je suis rendue tellement grosse que mes vêtements me pètent sur le dos?! » (j’ai effectivement gagné quelques livres à force de manger du chocolat—équitable tout de même—pour me donner de l’énergie en vue de demeurer éveillée lorsque je dois étudier tard le soir)

Steph me regarde sans dire un mot. Il sait qu’un fou rire lui coûterait très, mais vraiment très cher…

9 h 17 : en retard, j’arrive à ma réunion, les cheveux trempés de sueur à force de courir depuis mon réveil. J’ai désespérément besoin de café—de café fort, il va de soit. Je m’excuse, on me pardonne. Après tout, la prof que je rencontre a deux marmots à peine plus vieux que les miens. J’apprécie ce moment de solidarité féminine…

Je travaille comme une folle pour le reste de la matinée, je cours—encore—pour me rendre à mon cours de 12 h 30, puis de retour à mon bureau à 15 h 30, j’étudie jusqu’à 17 h. avant de partir chercher les enfants.

17 h 15 : en attachant Manu dans son siège d’auto au retour de la garderie, ma jupe maudite fend jusqu’aux fesses…

Il va sans dire que les jupes, c’est fini pour moi… Je m’en tiendrai dorénavant au pantalon! Avez-vous déjà vu un pantalon péter sur le dos de quelqu'un? Pas moi...

Dites-moi, lorsqu’une femme devient mère, doit-elle automatiquement cesser d’être femme? Maman et sexy ne vont pas de paire, n’est-ce pas? Pas toujours du moins.

dimanche 11 novembre 2007

Le petit Jésus selon Lisandre

Hier soir, alors que j’étais allongée auprès de Lisandre avant qu’elle s’endorme, elle se met à me parler de Jésus… Je suis toujours un peu mal-à-l’aise d’aborder le sujet de la religion avec elle parce que je ne sais jamais quoi lui dire.

C'est en me disant ceci qu'elle entamme la conversation :

- « C’est plate maman que Jésus soit mort… »

Ouf! Je sens déjà que je ne suis pas sortie du bois…

- « Ben oui, c’est vrai que c’est plate, que je lui réponds en souhaitant qu'elle s'en tiendra à ce commentaire.
- Pourquoi il est mort?
- Euh… je sais pas trop là… Tu pourrais en parler avec Grand-maman Denise, je suis certaine qu’elle doit le savoir! »

Elle semble réfléchir quelques secondes, puis elle poursuit :

- « Mamaaaaaan?
- Quoi?
- C’est quoi ça, une prière?
- Ben… euh… c’est euh… C’est quand on parle au petit Jésus.
- Ben là! On ne peut pas lui parler, parce qu’il est mort!
- C’est vrai que ça ne fait pas beaucoup de sens, mais il y a des gens qui croient que Jésus est tout le temps là, même quand on ne peut pas le voir. »

Ouch! Je sens que je vais m’embourber. Je me demande si elle perçoit que je n'ai vraiment aucune conviction. Je ne sais pas du tout où je m’en vais! Aidez-moi quelqu’un!...

La voilà qui ferme les yeux, je crois qu’elle va s’endormir. Ouf!... Sauvée…

Sauvée? Pas exactement…

- « Mamaaaaaan?
- Fais dodo maintenant Lili.
- Juste une dernière question.
- Quoi? (j’ai peur… je les connais ses «dernières questions»... qu’est-ce qu’elle va me sortir encore?)
- Pourquoi on peut parler au petit Jésus même si on ne peut pas le voir?
- (soupir…) Pour lui dire merci pour la belle journée qu’on a passée, pour lui demander de protéger ceux qu’on aime, et des choses comme ça.
- Est-ce que je peux lui parler, là maintenant?
- Si tu veux…
- Ok… « Bonne nuit petit Jésus! » Aide-moi maman!
- Bon. Dis lui merci parce que tu es en bonne santé.
- Merci parce que je suis en bonne santé.
- Dis lui merci de t’avoir donnée une belle petite sœur.
- Merci de m’avoir donnée une belle petite sœur tannante (rires).
- Et demandes-lui de protéger les gens que tu aimes.
- Protège maman, papa, Manuela, mes Grand-mamans, mes Grand-papas, mon oncle Rémi, ma tante Julie, Justin et Félix, … »

Et environ trois quart d’heure plus tard (j’exagère à peine…), elle termine enfin par :
- « Et protège aussi Grand-maman Marie-Anne (ça c'est la grand-maman de maman qui est montée au ciel), et mon chat qui est mort : Tinou. Bon. Je pense que je n'ai oublié personne. Bonne nuit petit Jésus! »